Trois alumni de l’EPFL, diplômés d’un bachelor en architecture, se sont réunis à Paris pour co-fonder Roofscapes, une entreprise qui vise à végétaliser et à rendre accessibles les toits en pente des centre-villes. Retour sur leur parcours.
C’est en 2014, dans les couloirs de la section d’architecture de l’EPFL, qu’Olivier Faber, Eytan Levi et Tim Cousin se rencontrent, alors tous les trois étudiants en bachelor. «Nous nous connaissions de loin à l’époque, sans être très proches» se rappelle Olivier. Aujourd’hui trio inséparable à la tête de Roofscapes, une entreprise naissante en région parisienne, ils quittent Lausanne à la fin de leur bachelor pour s’engager dans une carrière d’architecte «classique» : de Londres à Melbourne, en passant par Bâle, Copenhague et Mumbai.
Ils découvrent chacun le métier d’architecte au travers d’une multitude de stages. Ils arrivent à la même conclusion: «Nous avons développé une affinité intellectuelle autour du constat de l’impasse écologique que nous réservait une carrière dans les métiers classiques de la construction», explique Olivier.
Ils se retrouvent alors une semaine ensemble en été 2017 pour dénicher un moyen plus «disruptif» de poursuivre leur parcours. Forts de cette motivation, les trois architectes parviennent à s’engager en master au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), où leur projet Roofscapes verra le jour, en 2020.
Aujourd’hui basée à Paris, Roofscapes est une jeune entreprise qui vise à rendre les centre-villes européens plus résilients face au dérèglement climatique en installant des espaces verts sur les toits en pente. Des espaces qui remplissent plusieurs missions: le rafraîchissement passif de la ville en été, la protection des matériaux des toits et la végétalisation de l’espace urbain, entre autres. «Les premières années du développement de Roofscapes ont été dédiées à régler les questions techniques et à vérifier la faisabilité financière et administrative du projet», explique Eytan.
Les trois co-fondateurs s’assurent ensuite qu’il y a bien une demande pour ce type de construction et partent à la recherche d’espaces pour des projets pilotes. Là, c’est une réussite: «Nous sommes aujourd’hui sollicités chaque semaine par des particuliers, des copropriétés et des foncières. Cela montre que l’adaptation des toits est devenue un réel enjeu pour les habitants des milieux urbains», conclut Eytan.
Née du constat de l’impact des vagues de chaleur en Europe et du manque d’espaces verts en milieu urbain, Roofscapes met à profit une ressource largement inexploitée de nombreuses villes européennes :
«Dans une ville dense comme Paris, les toits représentent un tiers de la surface horizontale!» explique Olivier. «C’est plus que tous les espaces verts combinés».
Comment se sont-ils si bien retrouvés? Revenant sur leur parcours académique, les trois alumni relèvent un aspect important de l’enseignement de l’architecture à l'EPFL: «Dans la section d’architecture, nous avions des ateliers. Chaque étudiant et étudiante y disposait de son espace de travail attitré», se souvient Eytan. «C’est quelque chose que nous avons retrouvé ensuite au MIT, mais qui n'existe pas forcément dans toutes les écoles». Ces espaces ouverts favorisent notamment l’interaction au sein de la communauté estudiantine d’architecture: «Nous nous sommes rencontrés dans ces ateliers, et cela a été instrumental dans notre manière d’exister et d’avancer». Engagés dans un projet interdisciplinaire, les co-fondateurs de Roofscapes notent aussi l’avantage d’étudier l’architecture au sein d’un campus polytechnique:
«Au-delà de l'apprentissage de l'architecture, être à l'EPFL nous a permis de bénéficier des ressources d'une grande institution, comme la proximité avec d'autres disciplines scientifiques ou la visibilité internationale des projets académiques auxquels nous participions», explique Tim.
Des bancs de l’EPFL à une entreprise en pleine croissance, et récemment lauréate de l'appel à projets «Innovation et Résilience» de la Ville de Paris, les trois entrepreneurs s’activent aujourd’hui pour tenir leur promesse: apporter une touche disruptive au monde de la construction et donner un sens à leurs études en s’attaquant à la problématique du changement climatique, toiture par toiture.
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