SUN bioscience propose une plateforme capable d’identifier grâce aux organoïdes les meilleurs traitements pour chaque patient. Pour cette formidable avancée technologique, ses deux cofondatrices, Nathalie Brandenberg et Sylke Hoehnel, viennent de recevoir un Alumni Award de la part de l’EPFL lors de la Magistrale 2022. Retour sur l’aventure de deux entrepreneuses qui se font une place au soleil.
Raconter l’histoire de SUN bioscience, c’est d’abord parler du lien qui unit ses deux cofondatrices, Nathalie Brandenberg et Sylke Hoehnel. Nathalie, pur « produit local » comme elle s’en amuse, grandit dans le canton de Vaud et effectue toutes ses études à l’EPFL, du Bachelor au Doctorat, à une époque où la Faculté des Sciences de la Vie vient juste de voir le jour et n’a pas encore connu sa première volée de diplômes. Sylke passe pour sa part ses jeunes années au Royaume-Uni et en Allemagne, avant que sa passion pour la biologie moléculaire ne l’amène jusqu’au campus d’Ecublens.
Leurs routes se croisent en 2012, durant leurs Doctorats à l’EPFL, qu’elles effectuent toutes deux au sein du laboratoire de bio-ingénierie des cellules souches du Professeur Matthias Lütolf. Chacune a un projet de recherche bien distinct, mais une étude demandée par l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin de Lausanne liée aux organoïdes - des mini-organes dérivés de cellules souches permettant de tester in vitro la performance de traitements médicaux – va déclencher une passion commune. Tant et si bien que c’est sur leur temps libre, en marge de leurs doctorats respectifs, qu’elles la poursuivent.
L’idée fait son chemin de standardiser ces organoïdes, c’est-à-dire de développer une technologie capable de les produire et contrôler de manière fiable et reproductible afin d’en extraire des données de meilleure qualité. L’enjeu ? Permettre ainsi aux patientes et patients atteints de diverses maladies d’identifier les traitements qui leurs sont les plus adaptés – une révolution dans la médecine personnalisée. Le tout sans même nécessiter de test sur des humains ou des animaux.
Très vite, deux évidences s’imposent. La première est liée à cette technologie dont le potentiel est tel qu’elles n’imaginent plus la laisser confinée dans un laboratoire. La seconde tient dans leur alchimie : ce goût du perfectionnisme qu’elles partagent, cette volonté d’avoir un impact direct sur la société, et une complicité grandissante qui leur donne envie de déplacer des montagnes. De ces évidences naît SUN bioscience. Un nom lumineux qui renvoie directement à leur collaboration : ce « SUN » signifie en réalité « Sylke und Nathalie ».
Lorsque la startup voit le jour en 2016, les défis sont nombreux. « Comme notre technologie n’avait pas d’équivalent ni de point de comparaison, certains investisseurs se montraient dubitatifs et la qualifiaient même de ‘trop ambitieuse’ » se souvient Nathalie. Autre souvenir significatif : lorsqu’un prêt leur est accordé, le modèle de contrat doit être revu car il ne prévoit que le masculin pour désigner les bénéficiaires. C’est alors la première fois que la fondation concernée s’engage auprès de deux cofondatrices…
Quelques années plus tard, les deux complices commencent à récolter le fruit de leur travail. Si plusieurs distinctions ont déjà parsemé leur parcours - qu’il s’agisse de la liste des 30 under 30 de Forbes intégrée en 2016 ou du prix de la Fondation W.A. de Vigier obtenu en 2018 - c’est bien des résultats médicaux que vient la réelle gratification. Début 2022, une patiente atteinte de mucoviscidose traitée au CHUV et qui n’était jusqu’ici éligible à aucun traitement a pu bénéficier de la technologie de SUN bioscience. « Grâce aux organoïdes, nous avons pu identifier l’un des traitements qui avait été écarté comme étant en réalité pertinent pour elle, raconte Sylke. Les assurances ont accepté la prise en charge et en dix jours de traitement, elle a retrouvé l’intégralité de sa capacité respiratoire, qui était descendue à 60%. »
Le petit projet mené sur le côté, dans le secret d’un laboratoire, a bien grandi. SUN bioscience compte désormais près de cent clients - des entreprises pharmaceutiques ainsi que quelques centres de soins - et près de vingt collaboratrices et collaborateurs. Véritable précurseurs dans le domaine des organoïdes, les deux entrepreneuses voient désormais plus loin et souhaitent appliquer leur solution à d’autres maladies, notamment le cancer, et la rendre accessible dans un plus grand nombre de cliniques et hôpitaux.
Leur succès, source d’inspiration pour la nouvelle génération, leur vaut aujourd’hui de recevoir un Alumni Award de la part de l’EPFL. Aux nouvelles diplômées et nouveaux diplômés qui auraient la fibre entrepreneuriale, elles veulent donner l’envie de se lancer : « Allez-y ! insiste Nathalie. Acceptez les échecs comme les réussites, ils font partie du voyage. » Et Sylke d’ajouter : « Il n’y a pas de meilleur environnement pour se lancer que le nôtre, ici en Suisse et à l’EPFL. »
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