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«Pour monter une société, il faut être résilient»

Portrait

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12/10/2023

Diplômé de l’EPFL, Adrien Treccani est co-fondateur et CEO de Metaco, une entreprise active dans le secteur de la blockchain et rachetée par la société financière américaine Ripple en mai 2023. Rencontre avec un entrepreneur plein de surprises.

À la tête de Metaco, une entreprise de plus d’une centaine d’employées et d’employés, Adrien Treccani a pour le moins un profil atypique, qui semble osciller sans cesse entre le monde académique, industriel et parfois même artistique. Diplômé d’un bachelor en informatique et d’un master en ingénierie financière de l’EPFL en 2010, il détient également un master en violon, obtenu à tout juste 20 ans, et un doctorat en mathématiques financières. Si l’acquisition de sa société a récemment fait la une des journaux financiers, c’est toutefois l’aboutissement d’un long parcours semé d’embûches pour cet entrepreneur polyvalent.

En 2013, pendant sa thèse de doctorat au Swiss Finance Institute, en parallèle de laquelle il travaille en tant qu’analyste financier dans diverses structures, Adrien entend pour la première fois parler du Bitcoin, la cryptomonnaie aujourd’hui célèbre. 

«J’ai découvert le Bitcoin à travers des blogs financiers en ligne, qui n’en parlaient pas nécessairement de manière élogieuse», explique l’entrepreneur. «Le Bitcoin valait 20 dollars à l’époque, c’était minuscule. Mais ses enjeux politiques étaient cohérents avec mes valeurs, en particulier la décentralisation et la liberté individuelle.»

Piqué d’intérêt pour cette nouvelle technologie, il investit dans le Bitcoin. Seul bémol: l’écosystème des cryptoactifs non régulé de 2013 est en proie à de nombreuses faillites. «J’ai été victime de la faillite de certaines sociétés qui détenaient des Bitcoins», se rappelle Adrien. Loin d’être dissuadé de l’avenir prometteur de cet écosystème, il en conclut qu’une opportunité existe d’institutionnaliser le monde des cryptomonnaies, une conviction qui mènera à la création de son entreprise Metaco en 2015.

«Le marché était encore très amateur dans sa manière d’opérer. Des petites start-ups de quelques personnes pouvaient gérer des dizaines voire des centaines de millions de dollars.» 

Et c’est bien cela que l’entrepreneur romand entend changer, en fournissant aux grandes entreprises les outils pour s’investir dans l’écosystème des cryptoactifs.

Une passion pour l’enseignement

En plus de ses aventures entrepreneuriales, Adrien Treccani garde une passion pour l’enseignement: de 2017 à 2019, il enseigne la cryptographie et les technologies de la blockchain à l’EPFL et à HEC Lausanne, aux côtés du professeur Alexander Lipton. 

«J’ai toujours aimé l’enseignement, que ce soit dans le monde universitaire ou ailleurs», explique l’alumnus de l’EPFL. «J’ai saisi l’opportunité d’enseigner ces sujets en université, car je m’inquiète parfois de l’inertie qui peut exister dans le monde de l’éducation, où les universités ont tendance à avoir presque une décennie de retard dans l’enseignement des sujets d’innovation».

Convaincu des opportunités présentes dans le domaine émergent de la blockchain, il met dans ses cours l’accent sur l’application de ces nouvelles technologies dans l’industrie. «L’EPFL fait partie de ces écoles qui ont eu une bonne réactivité face aux thématiques nouvelles du numérique», affirme Adrien. «Mais cela reste un domaine qui va très vite et il est difficile de suivre toutes les innovations de ce domaine. Il n’est donc pas rare que les étudiants et étudiantes en sachent davantage que leurs professeurs!»

Désireux de rendre ces nouvelles technologies plus accessibles, Adrien Treccani est également co-auteur d’un livre sur la blockchain avec Alexander Lipton. «Nous avions constaté qu’il y avait un vide dans le répertoire littéraire pour un ouvrage qui couvrirait aussi bien les fondations techniques, économiques, mais aussi politiques des technologies de la blockchain.»

"Une série d'ennuis infinie"

Basé à Lausanne, l’entrepreneur reste à la tête de Metaco: «Je n’ai pas l’intention, après une acquisition, de laisser tomber une société que j’ai mis plus de cinq ans à développer», explique-t-il. «L’ambition de Metaco, qui est de conquérir le monde bancaire et de favoriser son adoption des actifs numériques, est encore inachevée.» Une épreuve que le CEO est prêt à affronter: 

«Beaucoup de gens se demandent s’ils seraient capables de monter une société. De l’extérieur, une entreprise ressemble à une série de succès, mais en réalité, c’est une série d’ennuis infinie: la capacité à amener la société vers un succès est la capacité à endurer ces problèmes en trouvant le chemin de moindre résistance. Il n’y a donc pas de talent particulier à avoir si ce n’est d’être résilient.»



Auteur: Marwan El Chazli

Crédit Photo: 2023 EPFL/Elevandi CC-BY-SA 4.0


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